Le mois de la femme, qui vient de se clôturer, il y a de cela quelques jours, a été riche en événements, avec en vedettes: les femmes. Madame Marie-Eugénie Mpongo a été parmi celles qui ont mis à profit ce mois de Mars pour marquer la présence de leur implication dans l’émergence de la République Démocratique du Congo.
Si beaucoup se sont manifestées dans le domaine politique et autres, ce qui est une bonne chose, elle, par contre, a été du nombre de celles qui ont réussi à mettre en exergue leurs moi et leurs moissons récoltées dans le domaine du champ littéraire durant ce 3è mois de l’année 2024, qui a été riche en initiatives féminines.
L’événement a eu lieu le 28 et le 29 mars, dans la salle de lecture de la bibliothèque du Centre Wallonie Bruxelles où la voilà sur la photo, coiffée d’un mouchoir de tête jaune, côte à côte avec sa consoeur Élisabeth Tolande, toutes deux femmes des Lettres congolaises. C’était à l’heure du vernissage, par cette dernière, de sa poésie littéralement écrite en lingala, intitulée : »Lumumba, matanga esila te ».
Cette cérémonie haute en couleurs locales, s’est tenue à l’occasion du 2è Salon des Littératures en Langues Congolaises, organisé par Richard Ali, nouvelliste et Directeur de la bibliothèque qui a servi de lieu d’accueil à ce grand rendez-vous.
Dans cet ouvrage, riche en vers, madame la poètesse est en train de pleurer, avec de l’amertume dans l’âme, les 63 ans de disparition sans traces du héros de l’indépendance de la République Démocratique du Congo.
Le livre, comme flashé ci-haut, a été porté sur les fonts baptismaux par Madame Élisabeth Tolande, une poètesse congolaise de haute rénommée.
»Lumumba matanga esila te »est une grande œuvre d’autant plus que son auteure, Marie-Eugénie Mpongo, est une personne qui a vu Lumumba de ses propres yeux, durant qu’elle était encore enfant à Thysville, et qui porte des émotions, mais aussi des vérités historiques sur Lumumba et surtout sur la destinée glorieuse de ce pays. C’est vraiment une poésie qui vient remettre sur la sellette la grandeur de ce pays à travers, bien sûr, celui qui a milité en faveur de son indépendance », a-t-elle témoigné en marge de son port de l’ouvrage sur les fonts baptismaux.
»Mais son sang qui a ensemencé le sol congolais ne peut pas se dissoudre comme ça. Et cette oeuvre vient exhumer de nouveau cette haute personnalité historique de notre pays, pour que notre jeunesse actuelle et celle de demain, à travers des générations, puissent se revêtir de sa dignité, à cause, bien sûr, de son sacrifice suprême », a-t-elle poursuivi sa réflexion avant de chuter :
»Eugenie Mpongo, autrice de ce poème, c’est une grande dame, une grande écrivaine, et je suis ravie et heureuse d’avoir été la personne choisie pour porter sur les fonts baptismaux ce livre », parole de la poètesse.
Monsieur Nogah Diakiese, informaticien du niveau universitaire, était parmi les amoureux de la lecture qui ont rehaussé de leurs présences cette cérémonie riche en découvertes.
Lors de la brève interview qu’il nous a fait l’honneur de nous accorder durant le rafraîchissement, il n’a pas manqué de mots pour jeter des fleurs de félicitation à l’auteur ainsi qu’à son oeuvre.
« Lumumba matanga esila te », à partir déjà du titre, ça montre à la fois la profondeur et le sentiment qui a guidé sa rédaction. C’est la raison pour laquelle je me suis directement senti interressé », a-t-il souligné avant de jeter un coup d’oeil rapide dans le livre et de rattraper la causerie:
»Bien que je ne sois pas encore entré en profondeur, mais, en tout cas, dès le premier paragraphe, j’ai compris que c’est vraiment une touche professionnelle, parce que l’introduction est déjà efficace », a-t-il témoigné.
»Mes attentes : ce que je veux à la base, c’est comprendre en premier lieu la profondeur de cette perte. Durant ma lecture de ce livre que je ferai à tête reposée à domicile, je voudrais que son contenu éveille en moi ce sentiment que la mort de Lumumba est une perte considérable, en ce qui concerne l’histoire de mon pays. Voilà, ce que j’attends en grande partie de ce livre. Même si je n’aurais peut-être pas les détails au regard du déroulement de la scène, j’aimerais quand même que, à partir de ces écrits, je puisse au moins ressentir comme si j’étais en train de vivre l’événement, au même titre que l’ont ressenti les congolais qui ont vécu durant cette époque-là », a-t-il souhaité.
Au sujet de la langue dans laquelle il est écrit, à savoir le Lingala, Nogah Diakiese a parlé de cette initiative, signée Marie-Eugénie Mpongo, comme étant venue mettre en valeur le fait que l’on peut aujourd’hui écrire en Lingala et bien réfléchir, parler le Lingala et faire de grandes choses, avoir recours à la langue des kinois et collaborer avec les hautes personnalités de ce monde.
»Avec le Lingala, vous pouvez accomplir des histoires qu’autrefois d’aucuns croyaient être des choses de bas étages, a-t-il encouragé.
Voilà ce qui va dans le même ordre d’idées que les propos de Monsieur Edmond Molakisi, l’homme qui avait en charge à la fois la présentation de l’auteur et celle du livre, ainsi que la distribution des prises de parole, lors du partage des voix entre les participants à ce grand rendez-vous littéraire.
»Il est arrivé l’heure pour le Lingala d’être élevé au niveau de la science », a-t-il fait savoir, surtout en sa qualité d’enseignant de cette riche langue congolaise qui sert de trait d’union entre toutes les tribus de la RDC ; cette langue que l’un de nos chanteurs, à savoir Fally Ipupa, reconnait, à travers son Den’s Love, être la plus belle du monde.
Marie-Eugénie Mpongo est porteuse d’un diplôme de licence en Philologie romane de l’université Lovanium, actuelle université de Kinshasa. Elle en possède un autre en Ethnologie de l’Afrique noire, obtenu dans une École des Hautes Études en Europe où elle a réussi à défendre, avec succès, son mémoire sur les proverbes en Kikongo.
SAINT-GERMAIN EBENGO
