Ceci n’est pas un poisson d’avril. Désormais une femme à la tête du pouvoir exécutif de la République Démocratique du Congo.Il s’agit bel et bien de Madame Judith Tuluka Suminwa, que l’on peut déjà surnommer JTS.
Avec sa nomination à la tête de cette haute instance de prise des décisions, la RDC a désormais sa toute première »Édith Cresson ».
Apparemment, ce n’est pas pour faire tomber en quenouille le gouvernement congolais, mais plutôt, faut-il le présumer, pour une parité entre homme et femme.
Sa nomination, qui intervient au lendemain de la clôture du mois de la femme, coïncide en même temps avec la date du 1er avril, ce fameux jour cyclique au cours duquel des personnes aguerries aux jeux de poisson d’avril, reçoivent chaque information portée à leur intention avec un doute ludique. Ce qui n’enlève pas à celle faisant état de la nomination, pour la toute première fois en RDC, d’une femme à la tête de l’exécutif, son caractère socialement significatif. »Tout n’est pas poisson d’avril », dit-on.
Il a plu au Chef de l’État de la République Démocratique du Congo, Félix-Antoine Tshisekedi, en sa qualité de champion de la masculinité positive, de nommer une femme à la tête du gouvernement.
Judith Tuluka arrive à ce plus haut poste exécutif, avec devant elle toute une cargaison de défis à relever : climat sécuritaire délétère dans l’est du pays, délabrement des voies de communication, dégradation des infrastructures, hausses fantaisistes des prix à chaque lever du soleil, surtout dans le domaine du transport, et la liste n’est pas exhaustive.
Face aux degrés qu’ont atteint ces choses à l’heure actuelle, ce que la population congolaise attend de Madame le Premier Ministre nouvellement nommée, c’est sa signature des décrets favorables tant au recadrage de la situation qui prévaut à l’heure actuelle qu’à la bonne marche des affaires publiques.
Judith Tuluka est donc appelée à mettre fin au stéréotype local selon lequel, les femmes ne construisent pas.
Voilà à peu près trois mois que Félix Tshisekedi a, depuis sa prestation de serment, fonctionné comme un nouveau vin dans de vieilles outres. C’est allusion faite à la présence d’un Chef de l’État nouvellement élu, ou électoralement reconduit, au milieu d’une équipe ministérielle nommée lors d’un premier mandat qui a largement expiré.
L’arrivée, bien que tardive, de Madame le Premier Ministre, voilà ce qui est venu mettre un terme à ce hors-jeu qui n’a que trop duré, avec ses répercussions sur le socio-économique.
Si cette nomination tant attendue n’avait pas eu lieu, le pays aurait atteint très bientôt plus de trois mois sans gouvernement.
»Maman aye, nzala esili », dirait un Congolais lambda, en guise de ouf de soulagement.
Avec son censé panier de la ménagère en main, la maman Premier Ministre est appelée à mettre fin à la montée intempestive des prix qui prévaut sur les marchés des biens et services, à l’échelle de la République Démocratique du Congo. C’est sans qu’elle oublie de garder son oeil vigilant sur la situation sécuritaire déplorable qui n’a que trop perduré dans l’Est du pays. Elle doit aussi songer en même temps au mauvais état des routes, facteur causal à la fois des embouteillages qui prévalent par exemple à Kinshasa, et des difficultés pour nos agglomérations rurales de desservir nos grandes villes en produits agricoles.
C’est ce qui donne lieu, à chaque lever du soleil, à la montée intempestive des prix ci-haut déplorée. S’il faut en toucher un mot à Madame le Premier Ministre, cette hausse intempestive des prix, si elle n’y prend garde, ne ferra que continuer à alimenter, au fil des jours, l’ampleur de la faim qui traîne encore dans le ventre par exemple du fonctionnaire congolais, parce que soit sous-payé ou soit plusieurs mois impayé.
Aminci, soit par des sous-paiements ou soit par des impaiements, selon le cas, ce fonctionnaire congolais, auquel on peut assimiler tous ceux qui évoluent dans la débrouille, n’est pas jusqu’ici en mesure de nouer ne fût-ce que les deux bouts de la quinzaine. Il a en permanence devant lui un tableau socio-économique de plus en plus sombre, au point qu’il ne sait pas à quelle autorité ministérielle se vouer.
Voilà ce qui justifie son ouf de soulagement lié au fait pour lui de voir, à partir d’ici, une ménagère à la tête de l’Exécutif.
S’il faut le dire dans un ordre dispersé, la situation sécuritaire à l’Est, le mauvais état des routes, les embouteillages qui en découlent, la dégradation des infrastructures, la hausse intempestive des prix ainsi que d’autres facteurs que nous n’avons pas ici cités, voilà ce qui doit constituer les toutes premières choses auxquelles doit s’atteler Madame le Premier Ministre.
Le journal Le Tonnerre lui souhaite bon vent et plein succès.
LE TONNERRE