En plus d’être hétéroclite, la majorité parlementaire au sein de l’Assemblée Nationale sous la couleur de l’Union Sacrée est aussi et surtout très indisciplinée. On dirait que les frustrations qui nées de la mauvaise répartition des ministères entre les partis et regroupements politiques membres de l’USN demeurent.
Ce qui fait chaque député national veut en découdre avec le ministre dont la tête ne lui plait et ce, sans raison plausible. D’où cette floraison d’interpellation et des questions orales, avec à la clé des menaces des motions de censure présentement sur la table du Président de l’Assemblée nationale. Un député national, lors du débat en plénière sur la loi de reddition des comptes pour l’exercice 2023, est allé jusqu’à menacer de faire tomber le gouvernement Suminwa, au simple motif que les enseignants sont en grève. Si on peut censurer un gouvernement simplement parce qu’un corps de métier où un secteur de l’administration publique est en grève, c’est qu’on fera tomber un gouvernement chaque trimestre.
Il est tout même étonnant de voir les députés nationaux, à peine qu’ils ont investi le Gouvernement Suminwa le 12 juin 2024, lui demander d’exécuter des tâches non prévues dans la loi des finances que ce gouvernement n’a pas conçue. D’aucuns savent que le gouvernement actuel exécute le budget lui légué par l’équipe Sama Lukonde Kyenge. Étant donné que ce budget ne répond plus aux exigences du moment, le Gouvernement vient d’amener une loi de rectification de loi de finances 2024, afin de lui permettre d’effectuer des réajustements par rapport aux revendications légitimes des enseignants. Et cette loi de rectification se trouve encore en examen dans la Commission ECOFIN de l’Assemblée Nationale.
Bien plus, il existe des ministres, nouvellement nommés, qui n’ont pas encore fini de mettre en place leurs plans d’actions conformes au Programme quinquennal du Gouvernement défendu par Madame la Première Ministre.
Que signifie alors cette précipitation à vouloir submerger des questions orales des Ministres que l’Assemblée Nationale n’a pas doté des moyens de leurs politiques, en sa qualité de l’autorité budgétaire.
La bonne politique aurait été de voter le budget 2025, laisser le gouvernement travailler en toute quiétude pendant au mois une année, et commencer à le contrôler lors de la rentrée parlementaire de mars 2025.
Ce qui intrigue dans cette affaire, c’est le fait de cibler déjà certains membres du gouvernement qui doivent partir, par simple vengeance. C’est le cas du Ministre du Budget qui devient pratiquement l’homme à abattre, alors que, d’aucuns le savent, cet homme d’Etat a été maintenu à son poste à la demande des fonctionnaires de l’Etat ; lui et le Vice-Premier Ministre Ministre de la Fonction Publique.
La majorité parlementaire aujourd’hui semble ne pas protéger son gouvernement comme la Kabilie le faisait sous les règnes des honorables Évariste Boshab et Aubin Minaku, alors Présidents de l’Assemblée Nationale. L’Union sacrée va-t-il manger son propre gouvernement ? D’aucuns ne savent. Mais une. chose est vraie, si cette majorité parlementaire ose le faire, elle mettra le pays sens dessus sens dessous. Car, dans ce pays, nous savons tous que la formation d’un gouvernement ne prend jamais moins d’un mois, vu d’ailleurs l’indiscipline et la gloutonnerie qui ont élu domicile au sein de l’Union Sacrée.
Dommage pour le Président Vital Kamerhe qui a une certaine expérience des us et coutumes parlementaires, et qui comprends parfaitement bien les enjeux géopolitiques et géostratégiques du moment, que de laisser les députés nationaux verser dans un libertinage qui frise l’amateurisme et une inconscience coupable.
Tout le monde veut que le gouvernement soit contrôler, mais encore qu’il faille au préalable lui donner les moyens de sa politique.
Le Tonnerre.