Dans le cadre de sa grille de programmation, la Maison Culturelle »Les Mwindeurs, que coordonne, d’une tête bien posée sur les épaules, le grand dramaturge Malafi Niamba, a reçu, samedi 8 juin, la pièce théâtrale « Le Silence », un texte signé et mis en scène par Maître Alexandre Mwambayi Kalengayi, Professeur d’interprétation dramatique à l’Institut National des Arts, et Directeur de sa troupe théâtrale dénimmée CRASA, Centre de Recherches en Arts de Spectacles Africains.
C’était un spectacle riche en rappels des conditions des gens qui vivent dans des zones occupées par des guerres, cas du Nord-Kivu et de l’Ituri.
La troupe a été intégralement constituée des femmes, 7 au total, avec une distributiion des rôles caractérisée par la présence inaperçue de plusieurs personnages dans une même actrice, sans que le public peu clairvoyant ne s’en aperçoive.
Une actrice par exemple pouvait jouer le rôle de rebelle et, quelques tableaux après, celui d’une belle victime parmi les habitants de la zone sous agression.
À en croire l’hôte du lieu, à savoir monsieur Malafi, au regard de la présence exclusive des femmes dans la »pièce », tout a été fonction de la démarche artistique du Maître Mwambayi, qui a voulu créer l’occasion de donner la parole à la gent feminine, mais aussi de motiver celle du secteur culturel pour qu’elle apprenne elle aussi à être active.
Quant à la variabilité des personnages au sein d’une même actrice, il s’est agi de reveler au grand jour l’hypocrisie et la complicité qui se jouent dans l’ombre de ces zones sous agression entre les agresseurs et quelques habitants du lieu.
Pour Malafi, il s’agit de démontrer noir sur blanc que le trompeur peut lui-même aussi être trompé.
» C’est comme ça que nous pouvons contribuer aussi à répondre à certaines résolutions des objectifs de développement durable et permettre l’égalité des sexes », interpellation de Malafi que l’on peut circonscrire dans le cadre du principe : l’oeuvre artistique est polysémique.
À en croire notre analyse, cette représentation du Maître Mwambayi nous parle de trois sortes de silences. Le premier est un silence assourdissant de la part des autorités congolaises dont l’absence de déclarations au regard de la situation qui prévaut à l’Est suscite des étonnements.
Le deuxième silence est un silence de plomb, un silence observé sur un sujet, dans le cas d’espèce, celui relatif à la guerre à l’est, sans que personne n’en parle.
Enfin le troisième silence, c’est le silence radio, avec ses deux facettes : du côté militaire, l’interruption de toutes communications radio pour ne pas se faire répérer par l’ennemi ; du côté journalistique, absence de publication sur le climat sécuritaire qui prévaut à l’Est.
Ci-dessous les noms des artistes et techniciens : Airline Kalubi, Ange Mukaji, Guyguy Maya, Gracy Kulumbi, Alpha Kabala (la petite-fille de Maître Mwambayi), Précieuse Lumengo et Elina Nima.
Il y avait à la régie son et vidéo, monsieur Franck Lumpungu, pendant que Malafi Niamba lui-même était à la régie lumière.
La Maison Culturelle Les Mwindeurs est un espace d’expression artistque situé en milieu péri-urbain, précisément au numéro 11 de l’avenue Bakis, au Quartier 7, dans la commune de N’djili.
Les Mwindeurs »offrent » un programme très riche et varié :
Chaque mardi, mercredi et jeudi, ce sont des journées de répétitions des troupes théâtrales et des groupes de danses du quartier ; chaque dimanche, ce sont des projections de films congolais et étrangers.
Parmi les grands rendez-vous sur les valves, il est prévu, vendredi 14 juin, un spectacle de danses contemporaines et durant le dimanche en 15 qui va coïncider avec le jour de l’Indépendance de la République Démocratique du Congo, à savoir le 30 juin, ça sera l’heure d’un cinéma-débat autour du film »Bureau Deux », un film de l’artiste Marcus qui vit en France et qui traite aussi sur la même matière que celle traitée dans le film du Maître Mwambayi qu’on a suivi non sans être interpellé.
Pour ce qui est du mois de juillet, il faut retenir en premier lieu les trois dates de vendredi 12, samedi 13 et dimanche 14 durant lesquelles il y aura trois nuits de campagne dites »Nuits des diseurs ».
Il y aura parmi les invités »tous » les usagers de la parole : artistes poètes, slameurs, journalistes, prédicateurs, futurs avocats et autres, qui évoqueront de manière artistique des questions écologiques autour du feu.
»Nous allons donc adapter cette culture nous laissée par nos ancêtres à l’époque actuelle, en vue de perpétrer et de mieux conserver notre culture », dixit Malafi qui enchaîne avec sa lecture du programme :
»Samedi 27 juillet, avant départ en vacances, il y aura un concert hip hop avec l’artiste 512.
Durant les vacances, faut-il le souligner en dernier lieu, il sera mis à la disposition des jeunes du quartier, et en particulier les enfants, des ateliers de bricolage, de théâtre, de couture, de jeux d’acteurs, de scénographies, des billards et autres.
Saint-Germain Ebengo