Le collectif »De la Plume aux lèvres » que coordonne, d’une tête bien posée sur les épaules », le poète slameur Yves Ponzo, a organisé durant la nuit du vendredi 28 juin, en l’espace F.M., à N’sele/3 Paillotes, une soirée poésie-slam dénommée Tshangu Slam Session.
Une vingtaine de slameurs, toutes provenances confondues, ont rehaussé de leurs présences respectives ce grand rendez-vous culturel riche en couleur locale.
« L’idée à la base, c’est de vulgariser le slam. Apporter le slam dans des milieux où ce n’est pas encore connu. Voilà pourquoi, après N’djili, nous voici aujourd’hui à N’sele, précisément à 3 Paillotes , ici à l’espace F.M. », mot de contextualisation de la rencontre signé Yves Ponzo.
À en croire Youssef Brain, un des slameurs de haute envergure qui a en même temps fait office d’animateur de la soirée, le choix de ce lieu est relatif à l’idée de rendre le slam accessible dans les milieux peri-urbains.
« Si nous sommes venus ici, c’est juste parce que nous avons voulu que les gens de la communauté d’ici puisse être connectés à la culture au même titre que ceux qui sont à Combe, à Ngaliema, à Lingwala, Bandal et autres coins de Kinshasa. Nous l’avons en même temps trouvé important de ramener le slam à cet endroit de manière à ce que tous les amis qui sont ici, qui nous environnent, puissent savoir qu’il y a à Kinshasa un art qui existe et qui s’appelle »slam » et que ce dernier n’est pas seulement réservé aux intellos, mais plutôt à tout celui qui sait manier la langue dans laquelle, peu importe laquelle, il peut avoir des choses à dire », a-t-il éclairci.
Même son de cloche chez Muntu La Zemeusla, l’une des slameuses congolaises hors pair.
» Nous avons choisi Tshangu pour faire connaître le slam dans des milieux sous-estimés, en vue de montrer aux gens que le slam peut se faire et se dire partout. C’est pour aussi pour promouvoir le côté intellectuel de ce milieu sous-estimé, auquel on a collé toutes sortes de clichés et préjugés comme quoi : « il n’y a pas ici des gens cultivés », parole de Muntu La Slameuse qui poursuit :
» Lorsque l’on parle de Tshangu, on pense vite aux délinquants. C’est pourquoi nous avons voulu faire savoir aux gens que malgré les clichés et préjugés collés aux habitants de la Tshangu, il y a aussi toujours à Tshangu ceux qui ont été à l’école et c’est le cas de la plupart des slameurs que vous voyez ici et de moi-même en tant que native de Kinkole ».
À la question de savoir : « c’est quoi le slam ? », voici ci-dessous sa définition du concept :
» Le slam, c’est de la poésie parlée. On a ramené la poésie à l’oral pour des raisons de sa sauvegarde, parce que l’on a remarqué que la plupart des gens ont abandonné la lecture ».
Sa définition a ratrappé celle de Youssef Brain qui a failli passer inaperçue :
« En deux mots, le slam, c’est de la poésie à lire à l’intention du public et pour les oreilles ».
Pour Negue Fly Nsau, un des grands dans ce domaine avec la même envergure que les trois précités, le slam est un texte qui va droit à l’oreille.
» Il est question ici d’une bouche qui écrit pour l’oreille. Il y a slam lorsque le poète se décide d’écrire non pas pour le lecteur, mais plutôt pour ses oreilles. Le slam est une poésie scénique. Ça peut avoir lieu dans une terrasse, dans un métro, dans un »deux-cent-sept », dans un marché et dans n’importe quel lieu », a-t-il largement déverrouillé le mot, avant de faire la « part des choses » entre ce dernier, la musique et la rap.
» La musique, c’est de la littérature.ou poésie chantée ; le rap c’est de la poésie scandée, le slam, de la poésie parlée ».
Voilà ce qui justifie même la raison d’être de la raison sociale du collectif : « De La Plume aux Lèvres ».
Les slameurs, comme d’une commune voix, ont mis à profit cette opportunité pour faire un coup de chapeau à la poétesse Yolande Elebe pour son élévation en qualité de ministre en charge de la Culture, Arts et Patrimoine.
« Tout ce que nous attendons d’elle, c’est son accompagnement, son amour »maternel » et son aide à la littérature, à la poésie et au slam. Si elle peut financer la rumba et la danse, c’est une bonne chose, mais qu’elle sache qu’il y a aussi la littérature, la poésie et le slam, surtout qu’elle est elle-même poétesse », une sollicitation signée Youssef Brain dont voici la suite :
« Si elle peut trouver des moyens pour nous installer plus de scènes de slam pour la RDC. Si elle peut mettre des moyens pour réunir les slameurs de toutes les provinces de la République Démocratique du Congo afin que soient dénichés ceux de slameurs qui sont encore.dans le ghetto, ca nous sera d’un grand secours « .
Yves Ponzo, après avoir abondé dans le même ordre d’idées, a annoncé que très bientôt il sera organisé Lukunga Slam Session et dans les jours qui suivront, ce sera le tour du district de Funa et de celui de Mont-Amba.
Youssef Brain a tiré parti de cette opportunité qui s’est offerte pour brosser un mot sur le Concours National de Slam prévu pour très bientôt et qu’il a dit être un projet porté par le Centre Culturel Mikanda, à N’djili, Quartier 13, chez Negue Fly.
Il est donc prévu à cet effet, dans les tout prochains jours, la phase éliminatoire du dit concours dans tous les quatre districts de la ville de Kinshasa.
« Le gagnant du Concours National de Slam à Kinshasa ira affronter les gagnants d’autres provinces ; s’il gagne les gagnants d’autres provinces, il ira représenter le pays à la Coupe d’Afrique de Slam qui aura lieu en Guinée. Et s’il gagne ce concours à l’échelle de l’Afrique, il ira représenter et la RDC et l’Afrique à la Coupe du Monde de Slam », a-t-il mis au parfum, par rapport à ce grand événement qui s’annonce très prochain, les slameurs présents sur le lieu.
Youssef Brain qui précise : » Dans cette expectative, il est prévu des ateliers de renforcement des capacités d’écriture à l’intention de tous les potentiels candidats à cette grande compétition, sous la craie de Negue Fly Nsau ».
Mademoiselle Chance Kasongo est la patronne de l’espace Fréquence Modulée qui a reçu les slameurs durant cette longue déclamation des vers qui a eu lieu autour d’un verre d’amitié riche en inspirations.
» Je suis heureuse d’avoir reçu les slameurs chez moi et ç’a été pour moi la toute première fois d’assister en live à une prestation des slams. D’ordinaire je suis une grande lectrice et j’aime entendre les poètes déclamer et ç’a été pour moi une grande joie d’écoute », a-t-elle manifesté son satisfecit avant de déclarer à l’intention des slameurs sa porte largement ouverte.
» Ils peuvent revenir chaque fois qu’ils voudront », a-t-elle rassuré.
Ont presté et rehaussé de leurs présences ce grand rendez-vous : Yves Ponzo, Youssef Brain, Negue Fly, Muntu La Zemeusla, Tête Penchée, Jojo, Ohake 1er, Prince Young Sugar, Kieto, Zéphyrien Kunga, Ali Johnson, Jordan Dongo, Saint-Germain de Près…
De La Plume aux Lèvres est un collectif des slameurs de Kinshasa qui a son siège à Terre Jaune, dans la commune touristique de la N’sele.
Yves Ponzo, son Coordonnateur et Manager, est un grand opérateur culturel doublé d’un slameur pétri de talents et d’initiatives.
C’est lui l’initiateur de ce merveilleux projet Kin Slam Session qui vient de franchir son stade de Tshangu.
Sa préoccupation clé, c’est vulgariser le slam à travers toute l’étendue de la République Démocratique du Congo.
Saint-Germain Ebengo