RDC/Dispute des mots entre poètes et slammeurs : Ben Kamanda, Negue Fly et Shek Yala ont coupé la poire en deux


Il se passe ces derniers temps sur les réseaux sociaux une logomachie, entendez: dispute des mots, entre les poètes classiques et les slammeurs, qui ne cessent de s’empoigner autour du concept poésie.

Les poètes classiques accusent les slammeurs d’avoir profané ce sacré mot qu’ils ont  »déformé en slam pour le déclamer dans des endroits impropres à sa culture, tels que : terrasses, salles de spectacles et autres lieux publics »

Les slammeurs, n’étant pas disposés à s’en réjouir, voilà ce qui a justifié le sens de la rencontre qu’ils se sont fixée, samedi 13 juillet, dans la salle de lecture de la bibliothèque de la maison d’éditions Miezi, située au  »coin » des avenues Sport et Saïo, dans la prestigieuse commune de Kasa-vubu.

Il s’est donc agi d’un échange d’avis et d’informations, entre poètes et slameurs, autour de la question de savoir :  »de la poésie au slam, une progression ou une régression ? »

La définition à tour de rôle de ces deux concepts, qui a été proposée par Ben Kamanda, en sa double qualité de poète et slammeur, à réussi à préciser quelques attributs et qualités qui les ont clairement distingués.

La poésie, a-t-on compris de la bouche de Ben qui s’est inspiré de Pierre Larousse, pour ne pas réinventer la roue et approfondir encore l’écart entre les deux camps,  »est l’art d’évoquer et de suggérer des sensations, des impressions, des émotions, et de transporter le lecteur vers d’autres mondes, à travers des jeux de mots, de sons, de rythmes et d’harmonies… »

 »Le slam par contre est une compétition des poésies déclamées dans les espaces publics, rues, terrasses, salles de spectacles et autres espaces publics », a-t-il fait la part de chose.

Negue Fly Nsau, lui aussi poète et slammeur, a réussi à tracer la ligne mitoyenne entre les deux concepts.

À mieux lui prêter l’oreille, il s’agit à la base d’un texte ; lorsque ce texte évoque et suggère les sensations, les impressions et les émotions, comme ci-haut évoqué, c’est une poésie.

Foi sur son explication, c’est lorsqu’on y met de l’oralité, du tempo, de la performance, de l’interactivité avec le public, ainsi que d’autres codes, que ça devient du slam et, cela, sans qu’il ne perde, allusion faite au texte, sa valeur poétique.

Negue Fly qui poursuit : « Tout slam n’est pas forcément poésie, mais une poésie peut se transformer en slam ».

À ajouter foi à ses propos :  »Tout poète n’est pas forcément slammeur, mais le slammeur, toutes proportions gardées, est, à la base, un poète ».

« Le slam, ce n’est qu’un moyen de faire vivre la poésie », a-t-il levé le malentendu avant de trancher :

« On peut être poète et slammeur à la fois ».

Toutefois, selon ce que nous avons compris, dans un slam, on peut se servir d’un texte poétique, d’un discours politique, d’une plaidoirie  »juridique », d’un fait historique, d’un conte philosophique, d’une prédication biblique, voire d’une prière supplicative.

Mais, cela risque de donner lieu, le texte poétique non pris en compte, à une seconde échelle de comparaison. Ça sera cette fois-là entre le slam et le spoken word, que l’on peut appeler en français :  »la parole parlée ».

À en croire Ben Kamanda, le slam en République Démocratique du Congo n’est pas né de la dernière pluie.

« Il se pratiquait déjà dans le Grand Kasaï sous l’appellation de Kasala », a-t-il révélé avant de relever un autre fait qui va dans le même ordre des choses.

L’homme aux vers faciles a fait allusion aux blues aux États-Unis avant de rassurer que le slam est une invention africaine.

Pour lui emboucher la trompette, qu’il soit dit, un peu comme Salomon, que le slam a existé avant la découverte du tout premier atome de la poussière du nouveau monde.

Shek Yala, en sa qualité d’hôte du lieu, nous a répondu avec précision à la question de savoir : « de la poésie au slam, une progression ou une regression? ».

« Si je dois prendre un point de vue qui repose sur les 15 dernières années, je crois qu’il y a progression », a-t-il affirmé avant de placer un bémol :

 » C’est vrai qu’il y a des choses à améliorer dans certains domaines, mais de manière globale, je pense qu’il y a progression ».

Ben Kamanda, à qui nous avons posé la même question, a abondé dans le même ordre d’idées.

Moïse Soumahili est juriste de formation universitaire et en même temps essayiste et poète-slammeur.

Il a été parmi ceux qui ont presté au micro en tant que slammeur, après, bien sûr, qu’ils ont fini d’en découdre avec cette confusion entre poètes et slammeurs qui n’a que trop alimenté les réseaux sociaux.

Dans la brève interaction que nous avons eue avec lui, il nous a fait part de son voeu de voir les autorités étatiques congolaises et surtout la ministre de la Culture, Arts et Patrimoine, Yolande Elebe (poétesse de surcroit) de songer à jeter un regard favorable sur la littérature congolaise en général et la poésie et le slam en particulier.

« Nous souffrons d’un manque de soutien et d’accompagnement de la part de nos autorités chez lesquelles, lorsque l’on parle de la culture, elles ne voient que la musique, la danse et le théâtre, alors que le slam, comme discipline, fait partie à la fois de l’art et de la littérature, au moyen de laquelle nous pouvons promouvoir et porter loin la voix culturelle de la RDC », a-t-il rassuré.

Il y avait parmi d’autres slammeurs qui ont rehaussé de leurs présences et prestations cette merveilleuse rencontre : Tychique Masaki, dit MTN, Mbuta, Marela, Slamoral, Jordana et Le Confusionniste.

C’est sans oublier Youssef Brain qui était là en tant qu’observateur et surtout du haut de sa très forte expérience et expertise en la matière.

Les Éditions Miezi qui a réçu ce grand rendez-vous est à la fois une maison d’éditions, une bibliothèque et un lieu de culture.

Saint-Germain Ebengo

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