L’écrivain congolais Pembe Bopinga propose aux institutrices et instituteurs de l’enseignement prescolaire et primaire de la République Démocratique du Congo de recourir souvent à l’utilisation des contes, lors des heures réservées à l’apprentissage du langage par les enfants.
Il l’a déclaré lors de l’interview qu’il nous a fait l’honneur de nous accorder, devant sa table d’exposition de ses ouvrages, à l’occasion de trois jours de formation, dénommés »Les Coulisses de la rentrée scolaire », qui ont eu lieu, du 5 au 7 août, au Lycée Maman Diankeba(LMD), à Limete, à l’intention des opérateurs pédagogiques du Prescolaire.
Pembe Bopinga tire sa proposition de sa très longue observation des institutrices de l’enseignement prescolaire et primaire qui, à l’en croire, n’utilisent généralement que des récitations, durant des heures réservées à l’exploitation du thème « langage ».
« Or, il n’y a pas que des récitations ! Ils peuvent en plus utiliser des contes. Surtout ceux basés sur des textes endogènes qui parlent des réalités de la République Démocratique du Congo. Et, pourquoi pas ?, ceux basés sur des réalités africaines en général », a-t-il expliqué, sans jeter l’anathème sur la récitation qu’il a dit être l’un des genres scripturaires qu’il exploite, au même titre que les contes, les fables et les dévinettes, pour véhiculer son message.
Il suffisait de faire un tour sur sa table des « matières » exposées pour s’en rendre compte.
En termes clairs, Pembe Bopinga n’est pas contre les récitations, mais il veut seulement qu’on leur associe les contes et , au besoin, les fables et, pourquoi pas?, les dévinettes.
« Parce que nous devons faire la promotion de notre culture, et dans le cas d’espèce, notre tradition orale, nous, en tant qu’auteur et eux en tant qu’enseignants », a-t-il tiré les choses au clair avant de s’appesantir sur la raison de sa présence parmi les pédagogues :
« Voilà pourquoi nous sommes avec eux ici ; c’est pou qu’ils s’approvisionnent en livres au bénéfice des écoliers à qui ils doivent inculquer la culture « de la tradition orale ».
Pembe Bopinga a rassuré que sa proposition n’est ni en dehors, ni en déphasage avec le programme national tant du prescolaire que du primaire, établi par l’autorité étatique en la matière.
» Ce sont des livres qui ont été censurés par le ministère de l’EPST. Ils sont donc en parfaite conformité avec le programme national du Prescolaire et du Primaire en République Démocratique du Congo », a-t-il encore une fois de plus rassuré.
L’auteur demande au ministère de l’Éducation Nationale de la République Démocratique du Congo de bien vouloir reconnaître à leurs justes titres, tous les écrivains congolais qui publient des ouvrages dans le sens de la promotion de la culture cingolaise.
« Parce que partout dans le monde, chaque peuple fait la promotion de sa culture », a-t-il fait savoir avant d’interpeller le gouvernement congolais de daigner asseoir un programme qui permettra à nos langues d’être mises en application.
Il s’agit donc, à l’écouter de très près, de l’applicabilité de nos langues à travers les contes contenus dans des livres publiés en lingala, en kikongo, en ciluba, en swahili et pourquoi en nos langues maternelles.
« ‘Nos langues devront à la fois être enseignées dans nos écoles et y servir de support à la transmission de toutes les autres matières », a-t-il exprimé son voeu.
Foi sur son affirmation, Pembe Bopinga martèle que cela ne posera aucun obstacle à l’enfant une fois dans les instances supérieures de l’Enseignement, allusion faite aux instituts supérieurs et aux universités.
« Si nous éprouvons encore des difficultés jusqu’ici. c’est parce que nous faisons des copier-coller, en plus de réfléchir dans nos langues, avec des efforts instantanés de traduction dans les langues des blancs », a-t-il révélé avant de chuter :
« Nous devons donc sortir de ce complexe d’infériorité qui nous a longtemps agenouillés. Nous devons au contraire nous sentir fiers de transmettre nos matières dans nos propres langues ».
Saint-Germain Ebengo