Paul Bazakana est un journaliste chevronné qui a longtemps oeuvré au sein du journal Salongo où il a travaillé presque dans tous les desks avant de finir par se stabiliser dans celui musical où il a réussi à imposer à la fois son style et ses capacités relationnelles.
Il est depuis 1988 éditeur d’Ébene Magazine qui a pignon sur rue à Paris, avec un tirage et une circulation hors pair.
Dans les deux ouvrages qu’il vient de faire publier aux éditions L’Harmattan, par l’entremise de la Collection »Dossiers, Études et Documents » que dirige son camarade Jean Mpisi, Paul Bazak ( c’est comme ça qu’il aime se faire appeler) se souvient de son passé récolté dans ce glorieux metier de journaliste, dans une rétrospective centrée sur son domaine de prédilection, à savoir la musique.
Ces deux livres sont : »Journaliste de Kinshasa à Paris » et »Dans l’ombre de Tabu Ley ».
Ces ouvrages, pour emprunter ses propres mots, flirtent avec la rubrique musicale dans laquelle il a eu à passer le plus clair de son temps en tant que journaliste-chroniqueur musical.
Il en parle avec un français fondu dans une écriture limpide qui n’a pas laissé de côté ses faibles débuts qui l’ont vu commencer : d’abord avec les chiens écrasés, allusion faite aux faits divers, avant de se retrouver plus tard, tour à tour, dans la ronde des faits judiciaires, dans les informations générales, dans le monde des entreprises, dans les affaires politiques, dans les reportages sportifs et la liste n’est pas exhaustive.
Dans le premier livre, il parle durant 119 pages, table des matières y comprise, des choses qu’il a vécues, des voyages qu’il a effectués, des hommes et des femmes dont il a fait connaissance, tous secteurs de la vie confondus.
En termes clairs, Paul Bazak parle dans cet ouvrage riche en souvenirs, de la capacité qu’ a la fonction journalistique de rendre grand celui qui l’exerce à bon escient et en bonne et due forme.
Il présente quelque part le journalisme comme étant cette fonction qui vous ouvre toutes les portes de la vie.
Sur le plan politique, par exemple, Paul Bazak a eu de fortes relations avec de grands hommes d’État de ce pays, à l’époque Zaïre, jusqu’à se retrouver plusieurs fois dans les mêmes voyages que le Président Mobutu et d’autres autorités du pays et d’ailleurs.
Même chose dans le monde des entreprises, où ses articles lui ont valu de se retrouver sur une même table avec des patrons des entreprises et d’être retenu chez quelques-uns parmi eux comme attaché de presse.
Avec son travail de journaliste qu’il exerce avec passion depuis 1967, Paul Bazak a eu à côtoyer de grandes personnalités, toutes nationalités confondues, et a extensivement voyagé.
Jean Mpisi, qui a préfacé l’ouvrage, le témoigne dans son texte, plus précisément à la page 13, en ces termes : »’ Il faut signaler que, tout en étant journaliste dans le groupe Salongo, et sans doute pour cela, il côtoya plusieurs stars nationales et internationales des mondes politique, économique, social, sportif,culturel et musical ».
C’est le cas typique de Tabu Ley,, pour ne citer que lui, à qui il a consacré son second livre de cette double parution, intitulé »dans l’ombre de Tabu Ley ».
Sa mise en exergue de la personne de Tabu Ley se vérifie par le fait que c’est avec lui qu’il a, en tant qu’à la fois journaliste musical et son attaché de presse, passé le plus clair de sa vie, et cela, sous plusieurs autres casquettes.
Son confrère Jean Boole Ekumbaki qui le témoigne dans l’avant-propos de l’ouvrage : « Pendant 15 ans, le chroniqueur de la musique Paul Bazakana a été tout pour l’artiste-musicien Tabu Ley, alias Seigneur Rochereau : attaché de presse, éminence grise, administrateur, chargé des missions, chargé de finances, conseiller… »
Foi sur ses propos, Paul Bazak et Tabu Ley se connurent pour la première fois à Abidjan, lors du 10è anniversaire de la BAD, Banque Africaine de Développement.
»Depuis, ils ne se quittent plus. Les deux hommes sillonnent le monde, se connaissent davantage. Si Tabu Ley se confirme dans son art, Bazakana excelle dans ses papiers sans se départir de l’amitié qu’il lui voue », témoignage de J.B. Ekumbaki qui renchérit :
»Nul mieux que Bazakana ne peut parler de Tabu Ley ».
On en veut pour preuve, entre autres, la vérité sur son lieu et sa date de naissance : Bagata, le 13 novembre 1940 ; son vrai nom : Pascal-Emmanuel Sinamuey Tabu ; sa première adresse dans la ville-province de Kinshasa, sous l’ombre de son père Joseph Tabu Mafa, locataire sur l’avenue Lualaba dans la commune de Kinshasa, tout au long du Jardin zoologique ; la fonction de ce dernier : batelier à l’OTRACO, actuel ONATRA ; le nom de sa mère : Colette Ngokuni ; son droit de primogéniture sur ses neuf frères et soeurs avec lesquels il ne partage pas la même mère dont il est enfant unique ; sa vocation de prêtre ratée ; son passage éclair au collège Saint-Anne, actuel collège Elikya, où il était en même temps chantre à l’Église, avant d’être orienté plus tard au petit seminaire de Bokoro, qu’il ne tardera pas de quitter et, enfin, son diplôme d’État obtenu en 1959, en section Commerciale, à Ecomoraph, École Moyenne Saint-Raphaël, à Limete ;
Le livre met en évidence le fait qu’auparavant, alors qu’il pratiquait la musique comme amateur, il occupait en même temps les fonctions de Secrétaire Administratif au Fonds du Bien-Être Indigène, avant de s’engager dans la fonction publique, avec affectation dans l’Enseignement provincial.
C’est dans cet ordre des choses qu’il assuma durant plus de 4 ans les fonctions de responsable administratif et financier de l’Athénée Royal de Kalina (ARK, actuel Institut de la Gombe ).
» Alors qu’il est devenu musicien, nous le retrouvons, de mai 1964 au mois de décembre 1965, Coordonnateur de Planification des Écoles Laïques du Congo et ensuite responsable administratif et financier à l’Institut Technique EPOM dans la commune de Nd’jili », fait savoir Paul à ses lecteurs.
C’est là aussi à l’EPOM, faut-il le souligner, que le Docteur Nico Kasanda dispensait ses cours de Mécanique.
Il faut souligner encore que Tabu Ley, son surnom de Rochereau, il l’avait reçu de la part de ses condisciples de Saint-Raphaël.
»Pendant ses études, ses condisciples l’avaient baptisé « Rochereau » parce qu’il avait un jour réussi à répondre convenablement à une question d’Histoire concernant le Général français Pierre Denfert-Rochereau, qui a combattu les allemands à Belfort, en France », révélation de Paul Bazakana.
Paul Bazakana a parlé de beaucoup d’autres choses sur Tabu Ley : Concerts, voyages, interviews, exil, cas Mbilia Bel, demandes d’emploi de la part de Madilu, Papa Wemba, Kofi Olomide et consort…
Le temps nous a donc fait défaut pour parler de toutes ces choses renfermées dans un livre, de 185 pages, dans un seul papier.
Ces deux ouvrages jumelés ont été portés sur les fonts baptismaux, vendredi 24 mai, dans la salle de lecture de la Bibliothèque du Centre Wallonie Bruxelles, à Gombe, par le Professeur Jean-Chrétien Ekambo de »l’IFASIC ».
C’était en présence d’un public constitué de plusieurs dizaines de têtes bien faites venues de tous les horizons du savoir.
Saint-Germain Ebengo